Question de kadiri
Bonjour à tous, J'ai déjà eu l'occasion de vous faire part de mes interrogations quant à l'attitude que j'ai par rapport à mes enfants. J'en ai encore aujourd'hui sur le "sucer le pouce". En effet, j'ai deux enfants de 4 ans 11mois (Yoness, un garçon) et 2 ans 3 mois (Jade, une fille) qui sont des inconditionnels du pouce. Nous avons, ma femme et moi, volontairement évité l'usage de la "tutute" mais en contrepartie, les enfants ont cherché et trouvé ce fameux pouce qui leur rappelle les seins de la maman qu'ils n'ont jamais tétés :-) car ils ont eu les biberons à la place. Ce besoin de téter est dû à quoi ? et peut-il durer longtemps ? Yoness suce son pouce quand il n'est pas en activité mais, le soir, quand il regarde une cassette, le pouce est indispensable. Je lui fais (sans conviction) des observations pour qu'il essaie de moins sucer. La plus jeune, Jade, est une grande consommatrice de la chose. La matin, le soir, avant de dormir ou après, parfois même en mangeant, voire en plein sommeil au milieu de la nuit... évidemment, je ne me prive pas de lui faire des remarques, mais ai-je raison ? je suis persuadé que non ! Je crois que cela comble un vide que je ne sais définir. Sentimental ? je crois que nos enfants sont ordinaires, en ce sens que nous ne les privons pas de l'amour que nous avons pour eux, et nous leur montrons tous les jours. La fatigue après une longue journée à la crèche ou à l'école ? je voudrais que ça soit cela, mais le pouce les accompagne à tout instant. L'habitude ? plusieurs choses à la fois ? Merci de m'éclairer par vos arguments toujours aussi appréciés. Cordialement
Réponse de Familles GenèveBonjour à notre fidèle correspondant ! Nous constatons que vous êtes toujours aussi attentif à l'évolution de vos enfants et poursuivons volontiers avec vous cette réflexion à propos de la succion du pouce. A quoi est dû le besoin de téter ? N'oublions pas que c'est l'un des réflexes archaïques du nouveau-né, réflexe vital, puisqu'il lui permet de s'alimenter ! Le besoin de succion persiste très fréquemment quand les enfants grandissent, ce qui est donc le cas pour Yoness et Jade. Pourquoi certains sucent-ils leur pouce plus longtemps que d'autres ? Difficile de donner une réponse catégorique. Mais, à l'opposé, des psychologues auraient noté que des bébés vivant dans des civilisations primitives, et mis au sein dès qu'ils pleurent, ne suceraient jamais leur pouce par la suite… D'une façon générale, les spécialistes expliquent que l'enfant qui suce son pouce cherche à se sécuriser, à retrouver des sensations de la petite enfance. Il peut aussi exprimer un sentiment d'ennui, une certaine tension nerveuse ou, plus simplement, son besoin de sommeil. Ces explications semblent correspondre à la description des situations où vos enfants sucent leur pouce. Vous évoquez une éventuelle fatigue ; vous êtes fort probablement dans le vrai : les enfants, à la crèche et à l'école, sont constamment stimulés, sollicités par les éducateurs ou enseignants et aussi par la présence de leurs camarades. On oublie parfois que plus les enfants sont jeunes, plus ils passent quotidiennement un grand nombre d'heures en collectivité… Quel délice alors, au retour à la maison, de se laisser aller un peu… Vous semblez partagé entre la compréhension et le souhait de voir vos enfants se passer de leur pouce. C'est la meilleure attitude : ne pas s'alarmer et, malgré tout, essayer de faire évoluer la situation. Vos enfants ne sont pas les seuls à chercher réconfort ou détente en suçant leur pouce : il semblerait qu'environ 10 % des enfants sucent leur pouce jusque vers 7 ans. Pour la petite, nous vous conseillons d'échanger avec les éducatrices de la crèche. Jade est-elle bien intégrée au groupe d'enfants ? Participe-t-elle volontiers aux activités proposées ? Suce-t-elle son pouce aussi fréquemment qu'à la maison ? S'il s'avère que la fatigue est en cause, il s'agit peut-être de trouver des temps de repos plus fréquents… Les parents les mieux intentionnés valorisent les progrès faits par leurs enfants et les traitent en "grands". Involontairement, ils mettent ainsi les enfants "sous pression". Par ailleurs, votre cadette a certainement envie de suivre le rythme de vie de son frère. C'est fatigant ! Mais une différence de 2 ans et demi, à cet âge-là, ça compte. Sucer son pouce, c'est peut-être vous dire : "De temps en temps, j'aimerais bien encore être câlinée comme un bébé…" Yoness, lui, est plus grand. Il sera certainement bon de parler avec lui de cette habitude "de petit" qui persiste. Il ne s'agit pas de lui faire honte, ni de se moquer de lui mais de lui demander ce qu'il ressent quand il suce son pouce et de l'encourager avec bienveillance à essayer de s'en passer. En a-t-il lui-même envie ? Peut-être a-t-il lui-même une idée pour y arriver. Il est aussi capable de comprendre que la croissance de ses dents peut souffrir plus tard de cette habitude. Il s'agit d'obtenir son adhésion. Mais, à notre avis, il ne sert à rien d'entamer cette discussion à chaud, à un moment où, fatigué par sa journée, votre fils suce son pouce devant une vidéo passionnante ! Profitez d'un moment où vous êtes, comme lui, détendu et disponible. Le résultat ne sera pas instantané… Et, par la suite, évitez les rappels à l'ordre incessants. Ces remarques, vous l'avez noté vous-même, ne servent à rien. Mais, après les échanges évoqués plus haut, un sourire, un toussotement, un haussement de sourcil complice peuvent, quand le pouce retrouve le chemin de la bouche, rappeler les bonnes résolutions prises. Des parents ont imaginé un petit soutien visuel, sous la forme d'un calendrier sur lequel l'enfant peut coller une étoile chaque jour "sans pouce". Il s'agit ainsi de valoriser les progrès réalisés. Pourquoi ne pas essayer ? Comme vous le constatez, nous n'avons pas de solution miracle à vous proposer. Une suggestion pourtant, qui sera valable à tous les stades de l'évolution de vos enfants : c'est de passer, votre épouse et/ou vous-même, un après-midi, voire une journée individuellement avec l'UN de vos deux enfants. Chacun d'entre eux pourra alors sentir combien il ou elle compte pour vous et créer, CHACUN À SA FAÇON, des liens privilégiés avec ses parents. Ces liens seront précieux tout au long de leur vie.